Le taux de croissance de l’économie mondiale, qui avait dépassé +5% en 2010, est revenu à +3,9% en 2011 et devrait s’établir vers +3,5% cette année. Ce dernier chiffre recouvre un ralentissement général, mais l’expansion demeure de l’ordre de +5,5% dans les économies émergentes contre +1,5% dans les pays développés où les performances des États-Unis et du Japon compensent la récession européenne. Ces tendances devraient perdurer l’an prochain, mais restent à la merci d’inflexions négatives dans le monde développé, qui ne manqueraient pas d’affecter les économies émergentes. Le désendettement des États et des agents privés, mené pour corriger les dérapages des années 2000, continuera de peser sur la croissance alors que la montée du chômage exacerbe les tensions sociales. En même temps, la forte demande de produits de base émanant des pays émergents, l’instabilité politique et les aléas climatiques, soutiennent les cours des matières premières et pèsent sur le pouvoir d’achat des ménages et des entreprises.
Aux États-Unis, la reprise économique peine toujours à accélérer durablement en dépit de la poursuite d’une politique monétaire ultra-accommodante. Le PIB, en volume, a augmenté de +1,7% l’an au deuxième trimestre contre +2% au premier et +4,1% au quatrième trimestre 2011. Ce mouvement s’explique par la moindre hausse de la consommation qui s’est toutefois reprise en juillet-août. Les créations d’emplois salariés ont déçu en août (96.000), de même que la production industrielle. Les revenus salariaux stagnent, ne parvenant pas encore à prendre le relais des transferts publics nets d’impôts. Le plafonnement de la consommation des ménages au deuxième trimestre a permis une légère hausse du taux d’épargne. Les entreprises américaines, dont le taux de marge des sociétés non financières s’est vivement redressé, pourraient davantage investir et embaucher. La frilosité des entrepreneurs, qui surprend, est probablement à relier aux incertitudes venant de la crise en Europe et à la manière dont la politique budgétaire sera menée outre-Atlantique après les élections. Sur l’année 2012, l’expansion, qui a été revue à la baisse, pourrait être de +2,1% et le taux de chômage devrait au mieux atteindre 8% fin décembre, contre 8,2% fin juin.
Source : Institute of Supply Management – en bleu : secteurs manufacturiers – en rouge : secteurs non manufacturiers.
Au Japon, la reprise est menacée par la chute des exportations du fait de la crise en Europe, du ralentissement chinois, mais aussi de la force du yen. La croissance a été de +0,7% l’an au second trimestre, en net ralentissement. Tokyo prévoit une sortie de la déflation en 2013-2014 alors que l’indice des prix à la consommation est en territoire négatif depuis quatre ans (-0,4% en glissement annuel en juillet). Les prix du PIB ont chuté de -6,5% en trois ans et demi.
En Asie émergente, l’expansion ralentit, en particulier en Chine où la production industrielle est étale depuis février dernier. L’activité manufacturière est également atone depuis quinze mois en Inde mais l’inflation persiste, la hausse des prix de détail approchant +10% l’an. En Corée, la croissance est revenue à +1,5% l’an au printemps après +3,5% au début 2012, pénalisée à la fois par le repli des investissements et des exportations. En revanche, en Indonésie, la hausse de l’activité s’inscrit à un rythme proche de ceux des trimestres précédents, maintenant le glissement annuel à près de +6,5%.